well well well.

Where is Bryan? In the kitchen for sure!
J'en sais quelque chose j'y suis avec lui ; sauf qu'il s'appelle Bertrand, mais on en reparlera...

Pages

dimanche 19 février 2012

Article 7

On s’habitue bien vite à n’avoir pour environnement qu’un bateau et l’océan autour.

On avance alors comme figés dans un mouvement perpétuel.

Et puis vient le pack !

Viens le pack !

Avant cela il faut se réveiller, aller manger, sortir sur le pont encore embrumé (moi pas le pont).

Il faisait gris, et le bateau avançait, comme il l’a toujours fait. Je passe toujours mon temps sur le pont qu’il soit nature ou supérieur.

En un instant, la vue de cet iceberg m’a dégrisé (j’étais encore embrumé et la brume c’est gris !), énorme, blanc, bleu, tranchant le gris.

Assez gros pour que j’ai le temps de retourner dans ma cabine pour prendre mon appareil photo.

Ce fut le préambule de l’arrivée du pack, le bateau a alors fortement réduit son allure et le radar qui jusqu’à présent n’affichait… rien, s’illumine d’une multitude de points que le pilote choisit d’écraser ou d’éviter.

Pour casser la glace, le bateau monte dessus et l’écrase comme la pomme écrasa Newton (c’était une très grosse pomme).

Sous la coque des brise-glaces, il y a une sorte de lame pour bien fendre les blocs. Entendons-nous bien, l’Astrolabe est autant un brise-glace que moi un pâtissier. Il casse les glaçons pour le Pastis.

Par conséquent, notre date d’arrivée est plus qu’hypothétique puisque dès lors elle est inconnue.

Lorsqu’il devient difficile de se trouver un chemin partant dans le bon sens, l’hélico décolle du pont (après quelques heures de préparation) pour repérer les rivières utilisables. Le bateau se beache alors sur une grosse plaque de glace qui a parfois des faux airs de banquise. Se beacher c’est se tanker (grosso modo, ne jouons pas sur les mots).

Ce qui nous laisse apprécier les manchots adélie sur la banquise, les pétrels géants, pétrels des neiges, damiers du cap, prion et autre pétrel antarctique. Les albatros ne nous suivent plus depuis quelques jours.

Si un manchot à terre est une des choses les plus marrantes au monde, dans l’eau ils semblent intouchables et paraissent voler entre les particules d’eau. Les appareils photo crépitent.

Des baleines, des oiseaux, de la glace et juste un peu d’eau.

Jusqu’au dernier jour, la date de notre arrivé sera restée incertaine, le pack dérive et une rivière peut très vite se refermer.

La veille, avant d’aller me coucher, tout le monde était persuadé passer Noël sur le bateau, on était le 21 décembre. Peut-être était-ce pour conjurer le sort. Le lendemain tout le monde avait le sourire, le chemin jusqu’à Dumont d’Urville n’offrait plus de difficultés majeures.

La veille ou l’avant-veille je m’étais réveillé au milieu des géants de l’antarctique, des icebergs d’une taille monumentale et nous avions croisé le morceau du glacier Mertz qui s’était détaché l’année dernière ou celle d’avant (ou celle d’avant :p). 90 km de long.

Au milieu du pack, ces géants nous offraient un spectacle sans commune-mesure.

Le matin du dernier jour, je me levais donc sans savoir que la traversée touchait à sa fin.

Les bonnes nouvelles avaient donc mis tout le monde de bonne humeur et le soleil était de la partie.

Comme toujours, j’ai guetté les baleines, les orques, les orcs et les basdlaine jusqu’au déjeuner.

Ce qui s’est passé ensuite est trop exceptionnel pour que j’en parle tout de suite, lorsque j’aurais trouvé les mots justes, je le raconterai.

Mais cet après-midi a donné à la beauté, un sens et une échelle différente.

En fin de journée, ou en soirée, le soleil ne se couche plus de toute façon, au détour d’un gros berg, on aperçoit Prud’homme (une petite base à 5km de la mienne) puis Dumont D’Urville.

Le capitaine fait sonner la corne de brume, je débarquerai le lendemain matin en hélico.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire